Replonger dans l’univers d’un titre aussi dense qu’Assassin’s Creed Odyssey est toujours un plaisir. Mais ces dernières années, les différentes équipes chargées de développer les DLC de la saga nous ont régulièrement proposés des expériences plaisantes, mais rarement mémorables. Origins nous a pourtant charmés avec “La malédiction des Pharaons” il y a quelques mois, Odyssey saura-t-il en faire de même avec “L’héritage de la première lame” ?
L’introduction du premier épisode du DLC
Perse inc.


S’il adopte un modèle épisodique un brin fouilli, ce premier DLC a le mérite de bien intégrer cette donnée via son épisode de lancement. Celui-ci prend en effet la forme d’un nouvel arc de quêtes pouvant être réalisé en marge du scénario principal, et disposant lui-même d’une propre fin. Pas d’écran “à suivre” en perspective donc, l’ensemble étant très bien intégré à la formule Odyssey tout en laissant une ouverture suggérant l’arrivée prochain d’une suite. Au niveau du scénario justement, vous croiserez Darius, premier possesseur d'une lame secrète qui part ici en croisade contre un ordre ancien en compagnie de son fils ou sa fille (son sexe dépend de celui de votre personnage). Un nom bien connu des fans de la série et qui permet d’orienter ce premier épisode vers une trame liée à la Perse et aux cultes secrets. Sans être particulièrement novateur, ce scénario s’avère agréable à suivre et retrouve même une structure évoquant un condensé des séries d’assassinats des précédents opus, de quoi faire un joli clin d’oeil aux fans.
Prise de Macédoine

En revanche, l’ensemble du contenu se déroule en Macédoine - une région déjà présente dans le titre d’origine, mais qui était pauvre en contenu - et s’appuie sur les mêmes ressorts que le titre d’origine. Outre les membres de l’ordre qu’il faut traquer comme les adeptes du culte dans le titre original, les quêtes annexes reprennent une formule similaire en proposant de tuer, enquêter ou récupérer quelques objets. Un effort a toutefois été fait sur la variété des missions, auxquelles il faut ajouter une bonne idée offrant un choix décisif sur un pan précis du DLC. Si les innovations sont donc minces sur la structure du DLC, elles sont aussi discrètes dans la prise en main : une seule compétence est ajoutée, et celle-ci permet seulement de faire disparaître les corps des ennemis assassinés dans la foulée de l’exécution. Plaisant à parcourir, ce premier épisode n’est en revanche pas dépaysant et permet avant tout d’ajouter 3 à 4 heures de jeu supplémentaires à votre odyssée.
Les 10 premières minutes du deuxième épisode
Une linéarité malvenue

Le deuxième volet du triptyque se situe dans les mêmes eaux en terme de durée de vie, ainsi que dans sa construction globale qui permet de profiter d’une large partie des mécaniques du jeu d’origine. Malheureusement, il peine à intégrer celles-ci intelligemment : ainsi, les mercenaires spécifiquement placées à vos basques dans l’épisode peuvent être simplement traqués via une quête annexe, tandis que la majorité des adeptes à tuer le seront dans le cadre de la mission principale. Ce qui est tout sauf un détail, puisque l’aspect naturel de la traque de ceux-ci disparaît presque entièrement pour faire place à une structure linéaire qui n’était pas la promesse de base du titre, et qui aboutit même à quelques étrangetés comme le fait de découvrir très tôt l’adepte à la tête du groupe sans que le visage de celui-ci ne soit affiché dans le menu dédié.
La recette des sans-choix

Côté scénario, quelques bonnes idées sont à noter, entre une utilisation plus importante des combats navals, quelques retournements de situation rythmant le tout (bien que le premier soit extrêmement prévisible) et surtout un évènement majeur en fin d’épisode qui devrait permettre au prochain d’ouvrir un nouvel arc narratif potentiellement intéressant. En revanche, le titre d’origine et le premier épisode de ce DLC parviennent à proposer des choix ayant une véritable conséquence à court ou moyen terme. Celui-ci n’y arrive pas et se prend même les pieds dans le tapis en introduisant une structure plus linéaire et des choix illusoires, dont un qui gênera une partie des joueurs ne souhaitant pas orienter leur personnage dans une relation hétérosexuelle. Si ce choix reste logique du fait du lore de la série, il n’en est pas moins maladroit puisqu’il va, là aussi à l’encontre de la promesse originale du jeu qui était de vivre “notre” odyssée, et n’est jamais justifié efficacement du fait d’un manque de profondeur dans l’écriture de la séquence concernée.
- Le scénario du 1er épisode pensé pour la division épisodique
- Un soupçon de Fan Service dans l’intrigue
- Les combats en mer davantage exploités
- Le 2e épisode ouvre un nouvel arc narratif potentiellement intéressant
- La traque des adeptes plus forcée, moins naturelle
- Manque d’intérêt des nouveaux pouvoirs
- Utilisation de zones déjà présentes dans le jeu de base
- Les choix illusoires du 2nd épisode
- Le cliffhanger forcé du 2e épisode
Après un premier épisode certes sans audace, mais intelligemment intégré et suffisant pour prolonger le plaisir, cette deuxième mouture du DLC “Legs de la Première Lame” peine davantage à convaincre. La mécanique de traque des adeptes est présente, mais presque entièrement incluse dans la trame principale, ce qui en réduit l’efficacité. L’ellipse temporelle est maladroite et se conclut par un cliffhanger difficilement justifiable au regard de la construction globale du titre. Reste que l'événement majeur de fin d’épisode offre un potentiel narratif intéressant pour la prochaine et dernière partie du DLC, dont il nous tarde de voir l’exploitation.

